Passent les ans, passe le temps.
Passent les joies, les pleurs, les rires, les heurts.
Les souvenirs s'estompent comme une aquarelle, et paradoxalement, plus les couleurs s'adoucissent, plus l'amertume grandit. Et quand vient la nuit une douleur diffuse s'installe, un malaise latent, comme le souvenir qu'un jour, autrefois, dans une autre vie peut être, on a été vivants. Comme un rappel qu'un jour, lointain, dans une autre vie peut être, on pourrait vivre à nouveau, rêver, laisser passer le temps avec insouciance, sans penser à demain. Demain, quand l'innocence prendra fin...
On s'accroche à ces regards croisés, ces mots échangés, et toutes ces occasions manquées. On s'accroche à ce qui faisait notre essence, ces piliers qu'on croyait inébranlables depuis longtemps écroulés.
On était différents, on avancerait fièrement sur les flots de la vie. On était les autres, on a fait de notre mieux pour rester à la surface, pour ne pas être avalé par les vagues et sombrer dans la tempête. On a renoncé, on s'est menti en se disant que c'est la route qu'on a choisi, on a essayé d'en tirer parti.
Un dernier verre pour la route, et on continue d'avancer, dans l'espoir qu'un jour, dans une autre vie peut-être, on sera vivants à nouveau.